Mission

Objectifs du GRACE

Le GRACE a été fondé par un groupe d’universitaires indépendants réunis en collectif de recherche. Il poursuit deux objectifs principaux :

1. En prenant pour point de départ le contenu et la cohérence de la doctrine sociale chrétienne telle qu’elle a été notamment formalisée depuis la fin du 19ème siècle (doctrine sociale de l’Église ou DSE), le premier objectif est de renouveler les explications sur les « comportements économiques » ou les « lois de l’économie » à partir des réalités concrètes observées dans les entreprises. La DSE constitue en effet un corpus analytique très cohérent, à partir d’une anthropologie explicite et dont l’intention est de ne pas réduire l’être humain à une seule dimension : il est vu comme calculateur mais aussi généreux, individualiste mais aussi social, participant par son travail à la création mais aussi ayant besoin de repos, gestionnaire d’une propriété privée mais aussi redevable de sa gestion, etc. Elle est à l’opposé d’une vision idéologique qui réduit l’homme à une seule dimension, et s’inscrit dans ce qu’Etienne Gilson a appelé un « réalisme méthodique ». En termes normatifs, des concepts comme ceux de subsidiarité, autorité entendue comme un service, solidarité entendu comme une dépendance mutuelle, etc. renouvelle fortement les représentations sociales.

Le GRACE entend profiter de ce corpus très riche pour ouvrir de nouveaux champs de recherche, souvent invisibles aux anthropologies individualiste ou collectiviste trop limitées par leurs hypothèses réductrices sur l’être humain en société. Par exemple, quel est le rôle du don au cœur des échanges marchands? comment s’articulent la vulnérabilité et la performance dans les organisations pour produire une efficacité durable ? Dans quelle limite une entreprise forme ou non une communauté, et quelles en sont les conséquences? L’objectif est d’accroître la compréhension scientifique des faits observés en s’appuyant sur des hypothèses renouvelées sur l’homme et son comportement en société.

2. Par effet boomerang, le deuxième objectif est de mettre en question les hypothèses idéologiques dominantes en économie en signalant leur incapacité à rendre compte du réel dans toute sa complexité. Car l’introduction de l’anthropologie chrétienne comme alternative aux représentations mainstream met en cause des certitudes sur le fonctionnement de l’économie et en particulier sur celui des entreprises. Sans s’inscrire dans une démarche normative visant à prescrire des pratiques, le GRACE interroge les pratiques existantes à la fois quant à leur logique, leur cohérence et leur efficacité en remontant à leur source, c’est-à-dire à l’anthropologie sur laquelle elles s’appuient, le plus souvent sans le dire. Le recours à l’anthropologie chrétienne fait ainsi office de révélateur des croyances implicites véhiculées par les idéologies dominantes quand elles définissent le rôle, le fonctionnement ou les buts de l’entreprise. L’objectif est de développer une analyse critique sur les pratiques économiques contemporaines afin de faciliter leur renouvellement.


Pourquoi le GRACE : une interrogation croissante sur les fondements de l’économie

L’économie est désormais globale et l’entreprise transfrontière. Nous sommes confrontés à une grande diversité de cultures et de représentations sur la nature de l’être humain et sur les fondements de la vie en société. Un besoin s’impose alors au citoyen comme au scientifique : évaluer la vision sous-jacente de l’homme sur laquelle se base l’économie et notamment dans la vie des entreprises.

Des programmes de recherche nombreux, ces dernières années, s’inscrivent dans un même mouvement. Des chercheurs travaillent, par exemple, sur la représentation de l’homme et de la vie sociale que porte l’Islam et ses conséquences sur les formes de financement (finance islamique) et d’organisation sociale; d’autres investissent l’anthropologie confucéenne et sa manière de structurer les comportements économiques et les représentations de l’entreprise, notamment en Asie (recherches interculturelles sur les pays émergents). Qu’en est-il pour la tradition occidentale ?

Pour répondre aux besoins actuels de fondements pour l’économie, la redécouverte de ce qui a fait la force de l’humanisme occidental constitue un enjeu intellectuel et pratique de premier plan.

Représentations dominantes du capitalisme en Occident

Depuis deux siècles, deux idéologies se sont affrontées en Occident pour rendre compte de l’économie capitaliste. Elles sont fondées sur des hypothèses anthropologiques opposées :

1. L’idéologie individualiste explique la société, l’économie et donc l’entreprise comme des résultantes des intérêts et des calculs individuels.

2. L’idéologie collectiviste considère que les contraintes sociales et les mécanismes collectifs construisent le cadre social qui détermine l’action individuelle, notamment en économie.

Il s’agit de deux pôles extrêmes qui orientent l’essentiel des débats notamment pour comprendre le fonctionnement des entreprises et des marchés. Or une troisième doctrine a puissamment alimenté la réflexion et les pratiques depuis l’origine du capitalisme moderne : la doctrine sociale chrétienne (appelée aussi Doctrine sociale de l’Eglise ou DSE).

Son anthropologie est opposée à la fois à l’individualisme pur et à la détermination collective : elle postule que la personne humaine est singulière et libre parce qu’elle est sociale. L’individu ne s’oppose donc pas au tout social, mais se définit pleinement comme participant à sa réalisation.

Cette doctrine sociale a produit un corpus intellectuel important. Elle a été influente sur les pratiques concrètes de l’économie occidentale et en particulier dans les entreprises, en inspirant d’innombrables réalisations comme les salaires différenciés selon les besoins (allocations familiales), la défense des intérêts collectifs (syndicats chrétiens), la critique du technicisme (chez Jacques Ellul ou Simone Weil par exemple) ou la participation des salariés à la gouvernance des entreprise (codétermination dans l’Allemagne de l’après-guerre).

Comment fonctionne le GRACE ?

Le GRACE est un groupe de recherche indépendant et interuniversitaire, abrité dans l’axe « Entreprise et société » de l’Institut français de Gouvernement des Entreprises/ EMLYON. Il accueille des chercheurs d’université et grandes écoles française dans un esprit de coopération et de stimulation intellectuelle.

Les membres du GRACE s’engagent à faire vivre le collectif en prenant une responsabilité personnelle dans son fonctionnement.

Les membres du Grace travaillent sur différentes thématiques du Grace et peuvent participer à des groupes de travail.

Recherche et production des sous-groupes

Un sous-groupe est créé dès lors que le sujet entre dans le programme de recherche du GRACE et qu’il concerne suffisamment de chercheurs dans une logique interdisciplinaire.

Chaque sous-groupe a pour vocation de produire du savoir, des articles, des livres, des cas d’entreprise ou des participations à des colloques. Ces productions se font dans le cadre disciplinaire des chercheurs engagés dans le GRACE (gestion, économie, sociologie, philosophie, etc.). Le GRACE participe ainsi au débat scientifique dans chaque discipline.

Parallèlement, les sous-groupes de recherche peuvent contribuer aux productions propres au GRACE : cahiers de recherche, ouvrages, cas. Un corpus intellectuel peut ainsi se constituer à partir des résultats de recherche obtenus dans chaque sous-groupe.

Les productions du GRACE

Outre la publication des thèses, ouvrages, articles académiques dans les revues internationales et contributions au colloques qui sont le propre d’une équipe de recherche académique, le GRACE a développé trois lignes de production spécifiques.

  1. Les séminaires internes biannuels: Deux séminaires annuels sont organisés en hiver et au début de l’été. Ils permettent à tous les membres de se retrouver et de participer à des discussions collectives ouvertes, interdisciplinaires sur les travaux des sous-groupes. Y sont aussi invités des intervenants proposant des ouvertures intellectuelles sur des auteurs ou des sujets pouvant alimenter les réflexions des sous-groupes.
  2. Les cahiers de recherche : ils accueillent des articles de membres du GRACE où de chercheurs extérieurs désireux de publier leurs résultats dans ce cadre.
  3. La collection d’ouvrages GRACE chez Nouvelle Cité : elle  publie des recherches innovantes (série Université) ou des essais (série Essai) qui accroissent la connaissance et participent au débat public. Il peut s’agir de traductions d’auteurs importants, de productions de membres du GRACE ou de chercheurs qui en partagent les préoccupations scientifiques.
Easy Money74564645675GRACE DSE Mots croisés7819