Travail, dialogue, organisation

Le travail humain crée la valeur économique. Bien sûr par l’invention, la production et l’échange de biens et de services qu’il permet, mais aussi par le sens qu’il attribue à la transformation des matières ou des idées, et qui, sans lui, resteraient des choses mortes, sans valeur. Les autres ressources, qu’elles soient technologiques ou financières, décuplent les possibilités du travail humain mais restent à son service comme ressource fondamentale, fondatrice de la valorisation des choses.

Mais le travail humain produit aussi « le travailleur » : travailler est le propre de l’être humain, homo faber. Travailler humanise donc ou déshumanise selon que le travail épanouit ou atrophie les capacités humaines du « travailleur ». Les conditions de réalisation du travail, le sens et les objectifs, les rythmes et l’organisation définissent non seulement la gestion efficace mais aussi l’organisation humanisante ou déshumanisante.

Les deux dimensions du travail sont intimement liées : La performance, la créativité ou la prise de responsabilité individuelle créatrices de valeur sont les conséquences d’un travail connu, reconnu et susceptible de valoriser le travailleur lui-même. L’oubli de cette évidence anthropologique condamne l’économie et singulièrement l’entreprise.

Le sous-groupe de recherche « Management du travail et dignité de la personne » a pour objectif de remettre la prise en compte du travail réel, au cœur des pratiques de management de manière à établir l’unité des deux dimensions du  travail. Nous postulons que le travail du manager c’est de manager le travail. Non de gérer des tableaux de bords ou des reportings, mais connaître l’activité telle qu’elle se réalise vraiment dans les organisations et à partir de laquelle les objectifs et les critères de performances peuvent être définis.

Nos recherches se développent dans deux directions:

1- L’observation des situations d’activité concrètes, dans les entreprises ou les services publics, pour en déduire quel management permet de les encourager et de les transformer si nécessaire. La montée en généralité se fait donc à partir des pratiques et les réalités matérielles du travail tel qu’on peut les observer.  Le critère d’analyse est l’articulation entre le travail-producteur-de-valeur et le travail-producteur-du-travailleur. Selon la manière dont ces deux dimensions s’alignent ou se contredisent, le management du travail peut être évalué et amélioré.

2- La mise en évidence de dispositifs de gestion et d’organisation favorables à l’alignement entre les deux dimensions : subsidiarité dans les prises de décisions, espaces de discussion stratégiques, mode d’évaluation des performances tenant compte de la personne, etc. Il s’agit de suggérer quelles sont les organisations du travail les plus favorables à une prise en considération du travail humain.

Pour contribuer aux recherches, merci de contacter Mathieu Detchessahar.

 

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